SATURNIN FABRE

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Profession:
Acteur et homme de théâtre français.

Date et lieu de naissance:
04-04-1884, à Sens dans l'Yonne en France.

Date et lieu du décès:
24-10-1961, à Montgeron, Essonne en France.
Inhumé au cimetière de Carrières-sous-Poissy dans les Yvelines.

Cause du décès:
D'un oedème pulmonaire à l'âge de 77 ans.

Nom de naissance:
Charles Saturnin Joseph Fabre.

État civil:
Marié em 19?? avec : SUZANNE BENOIST.
Jusqu'au décès de Suzanne en 1957.

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Anecdotes

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Biographie

Hommage à SATURNIN FABRE

Ajout de la vidéo le 17 juillet 2009 par Philippe de CinéMémorial

Il n'est pas rare qu'au détour d'une rue comme Paris sait encore parfois les conserver, qu'en entrant chez un « Bougnat », Ou qu'en se promenant sur les grands boulevards, une voix frappe votre oreille : elle a une certaine emphase, elle n'hésite pu à faire sentir l'accent circonflexe que l'on n'utilise plus guère «en littérature. C'est généralement celle d'un vieil homme ; la diction, bien qu'un peu désuète, laisse en suspens les fins de phrase... jusqu'à ce que « le mot » tombe, ainsi qu'un couperet, Vous subjuguant une solution de devinette...

Alors, au-delà du ton de Carette, au-delà du ton de Raimu, on souvient de celui de Saturnin Fabre. Et, plus qu'une mode, c'est ut une époque qui vous saute aux oreilles ! L'époque où les metteurs en scène s'appelaient René Guissart, Marc Allégret, ou Léon Joannon...
Car Saturnin Fabre est arrivé à l'exacte charnière entre le muet et le cinéma parlant. Son jeu, si caractéristique, ne doit-il pas quelque chose à la grandiloquence du théâtre d'alors, comme à la gestuelle du « muet » ? Ces morceaux d'anthologie, qu'il prononce avec un verbe qui n'appartient qu'à lui, ne sont-ils pas aussi les purs produits d'une époque fascinante : celle où cinéma le cinéma découvrait son langage ? Rarement, quelqu'un aura autant participé à l'histoire d'un art que Saturnin Fabre. Qu'il soit le banquier de Tricoche et Cacolet, de Pierre Colombier, ou du Club des soupirants, de Maurice Cleize, ou l'ivrogne de La Fête à Henriette, de Julien Duvivier, ses rôles reflèteront toujours les merveilleux personnages qui n'existaient qu'à l'ère des Talbot-Lago...

Saturnin Fabre est né en 1884, à Sens, dans l'Yonne. Il monte très tôt sur les planches, puisque à l'âge de douze ans, il exécute un petit rôle dans la Jeanne d'Arc, de Jules Barbier. Son premier échec, il l'essuie en 1901, date à laquelle il est refusé au Conservatoire. Imagine-t-on Saturnin Fabre, même jeune, s'arrêter à si peu ? A l'Athénée, cette année-là, il débute vraiment dans Madame Flirt, avec ou sans diplôme ! Puis, dès 1902, il part à l'assaut de la province avec les tournées Baret. Il mène alors la vie des acteurs itinérants, riche en découragements comme en triomphes, ce qui n'est pas pour lui déplaire puisqu'il « tournera » ainsi jusqu'en 1925.

Bientôt, les portes s'ouvrent : celles du Dejazet, d'abord, puis du Châtelet, des Nouveautés où il interprète Maître Nitouche... Lorsqu'on l'engage à l'Odéon, il a enfin réussi à forcer l'entrée du Conservatoire. C'est sous la férule de Mounet qu'il apprendra ses premiers rôles dramatiques. Au théâtre des Variétés, il sera dans la distribution de l'Habit vert, de Girouette, que signe René Benjamin, et ce, aux côtés de Pierre Brasseur, de Pauley. Il jouera même... des opérettes (La Vie parisienne, notamment !).

Car les talents d'acteur qu'a ce jeune géant se doublent de ceux d'un musicien : il est clarinettiste, chanteur. A la musique d'Artillerie de Vincennes, où il joue de son instrument favori, il se « paye » une fameuse fausse note devant Emile Loubet, Président de la République. Il éclate alors de rire, rompant la trame de l'orchestre ! Chanteur, il l'est à l'Appollo, où il joue et vocalise dans Rêve de valse. De la berceuse à la chanson comique, il crée ainsi plus de vingt-huit airs connus : « La Bédouinette », « Quand vient le soir », « Lasso buffle dollars », « Sammy »...

En 1911, Saturnin Fabre fait connaissance avec le cinéma. Outre des courts métrages, des bouts d'essai plutôt, qu'il a tourné en compagnie de « Prince » Rigadin, il apparaît dans Max et sa Belle-Mère, de Max Linder. Sa notoriété grandissante lui permet d'envisager l'étranger : avec des troupes de théâtre, il découvre successivement la Suisse, la Grande-Bretagne, l'Amérique du Sud, enfin.

Après la guerre, il est engagé par l'Ambigu pour plusieurs pièces. Le contrat stipule un certain nombre de représentations qu'est obligé d'effectuer Saturnin Fabre. Au fil des soirées, Le Vieux Marcheur, L'Occident finissent par lasser l'acteur. Rien à faire ! Il a signé : il doit jouer. Aussi, pour bien montrer sa désapprobation, fera-t-il imprimer des pseudonymes sur les affiches : au lieu de Saturnin Fabre, les spectateurs iront applaudir Jean Naimard ou Sam Cour...

Sa jeunesse ne s'arrête pas à ces traits d'humour, bien qu'ils soient déjà profondément révélateurs du personnage. Saturnin Fabre prend des risques et n'hésite pas à interpréter des rôles difficiles, désavoués, voire dangereux. Lorsqu'il monte sur la scène du théâtre Antoine, pour la première de Locus Solus, se doute-t-il qu'il va vivre un moment historique ? L'auteur, Raymond Roussel, défraie la chronique théâtrale : ses pièces ne ressemblent en rien à ce qui se fait alors. Mi-attractions, mi-poésie, elles n'ont pour seuls admirateurs que les surréalistes.

Avant même que le rideau ne tombe sur le premier acte de Locus Solus, la salle écume : on crie « Au génie », « A l'imposteur ». Saturnin Fabre et son partenaire, Signoret, font face aux spectateurs qui leur jettent des pièces, et supplient « Des billets, envoyez des billets ! ». Quelques jours plus tard, Robert Desnos, à qui des mécontents crieront « Hardi, la claque ! », répondra : « Je suis la claque, ... et vous êtes la joue ! ».

Les temps, on le voit, sont au « mot ». Et c'est cela, justement, qu'incarne Saturnin : la spiritualité alliée au comique. Les leçons de Mounet ont été lucratives, mais dans les drames qu'il a appris, l'acteur n'a pas pu s'empêcher d'introduire, quelque part, une phrase qui « en fait trop », qui tourne en dérision jusqu'au rôle qu'il incarne. Ainsi, le bourreau d'Escalier de service, de Carlo Rim, tourné en 1954 avec Yves Robert, ou le châtelain des Otages, de Raymond Bernard, en 1939, ne seront pas tout à fait un bourreau ou un châtelain. Ils seront plutôt Saturnin Fabre, avec ce léger porte-à-faux qui les rend savoureux lorsqu'il leur donne corps.

C'est en 1929, année où il met en scène Saint Alphonse au théâtre Pigalle, qu'il débute au cinéma parlant, avec La route est belle, de Robert Florey. Est-ce la dignité de ce professeur Pique, qu'il joue dans le film, qui lui fait dire, à un journaliste venu l'interviewer : « Non, non, plus de théâtre, je me prostitue, je fais du cinéma ! »...

Désormais, la route est tracée. Saturnin Fabre va, pendant presque trente ans, participer au tournage d'une centaine de films. Certains seront glorieux, d'autres moins, mais dans chacun d'eux, il sera impossible de ne pas remarquer ce personnage à l'imposante stature, ce ministre, ce fakir, ce duc, cet académicien dont la verve provocante suffira à faire de la scène un joyau.

Ainsi, comment ne pas succomber au baron de Saint-Amour, qu'il incarne, en 1933, dans Les Deux Canards, d'Eric Shmidt ? Est-ce son visage juché sur le faux-col impeccable, ses sourcils froncés qui le rendent irrésistible ? Est-ce ce mélange perpétuel de douleur et de drôlerie ? Cette crainte que sa silhouette inspire, alors même qu'on a envie de lui faire confiance ? Cette élégance qui côtoie des propos canailles ?

Car Saturnin Fabre, c'est tout cela à la fois, à quoi il faut ajouter une hauteur, une désinvolture qu'il balade de rôle en rôle, comme une marque de fabrique qui estampille les décors où l'intrigue l'a placé. Les producteurs, les réalisateurs le Connaissent. Ils savent qu'il va rendre, malgré toute sa bizarrerie, l'esprit du personnage qu'ils lui confieront. Yves Mirande découvre, en 1936, un merveilleux Letondu dans Messieurs-les-ronds-de-cuir ; Julien Duvivier, la même année, fait du personnage de « grand-père », un protagoniste à la hauteur de Jean Gabin, dans Pépé le Moka.. Où Sacha Guitry eût-il déniché un invité plus mufle que Saturnin Fabre dans Désiré, tourné en 1937 ?

Avec son talent, il « assoit » le fond des films. Parce qu'un long métrage, ce n'est pas seulement la performance des têtes d'affiche, et parce qu'un récit vit si le détail est parfait, Saturnin' Fabre établit, à sa façon, la base sur laquelle d'autres figures vont pouvoir se mouvoir. A ceux qui lui accordent une prestation, il donne, lui, l'art du contrebassiste discret sur lequel se bâtit un peu la musique. Il n'est pas excessif de dire que L'Esclave blanche, de Mark Sorkin, ou Cavalcade d'amour, de Raymond Bernard, tous deux réalisés à la veille de la guerre, n'existent plus dans notre mémoire que par la grâce de la présence de Saturnin...

Cela ne va pas sans risque. En 1946, sur le tournage des Portes de la nuit, Marcel Carné est obligé de filmer plusieurs fois la scène où Saturnin Fabre interprète M. Sénéchal, l'affreux collaborateur pétainiste. Miquette et sa mère, en 1949, doit être interrompu parce qu'Henri-Georges Clouzot reproche au marquis de La Tour Mirande « d'en faire trop », ce que ne supporte pas Saturnin Fabre. « Mais c'est moi qui serai sur l'écran ! On ne dira pas : Clouzot est mauvais, on dira : Saturnin est mauvais », lancera-t-il au réalisateur avant de tomber subitement et diplomatiquement « malade »...

Mais l'éternelle revanche de Saturnin ne sera-t-elle pas cet étonnant Battement de coeur, qu'Henri Decoin réalisa en 1939 ? Entre Carette et Saturnin, un étrange ballet va se jouer, qui éclipsera peu à peu jusqu'à Danielle Darrieux, pourtant inscrite au premier rôle. Le véritable tenant du titre, ce sera M. Aristide, sournois, sinueux, déroutant, pickpocket sublime, professeur magistral de vol à la tire... Il avait déjà fait des dialogues de Marie-Martine, réalisé en 1943, par Albert Valentin, un morceau d'anthologie comparable à certaines répliques de Prévert, et ce, en étant tout juste l'oncle Parpaing qui recommandait à Bernard Blier de « tenir la bougie droite »...

Le temps où les habitants d'Enghien se souvenaient de ses passages furtifs dans des automobiles somptueuses semble pourtant bel et bien passé. En 1946, il prend le parti de s'éloigner un peu des plateaux de cinéma. Pas tout à fait cependant, puisqu'il tournera encore une quinzaine de films, comme Docteur Laennec, de Maurice Cloche, en 1948, Les Petites Cardinal, de Gilles Grangier, en 1950, ou Virgile, en 1953, de Robert Lamoureux. Bien qu'affectant le plus grand humour noir à son propos, il décide de s'occuper de la maladie de sa femme. Chez Fournier-Valdes paraissent, en 1948, ses mémoires, sous le titre de Douche écossaise ; trois cents pages d'anecdotes, de témoignages, d'amis qui l'ont croisé : son livre lui ressemble ; il a le goût de ses contradictions, de son humour, celui-là même qui le fait signer « Ninrutas Erbaf ».

Lorsque Saturnin s'éteint à Montgeron, en 1961, d'un oedème pulmonaire, ni ses souvenirs, ni ses frasques n'auront livré le secret de son étrange séduction. La fin de sa vie aura juste évoqué une certaine partie de lui-même, rarement mise en lumière : une sorte de désespoir qui empreint toujours les vrais clowns. La mort de sa femme, ses moyens devenus restreints auront donné à sa clarinette, son premier amour, une petite tonalité amère...

A ces bouts de rôles qu'il aura eu tout au long de sa carrière de nous révéler, maintenant, la patte, la « griffe » unique qui nous le font immédiatement reconnaître aux côtés des « grands », et non pas derrière...
Mais pourquoi, tout à coup, un psychiatre, un vieux noble, un capitaine, un grand bourgeois, un proviseur se mettent-ils à ressembler à Saturnin Fabre ?

Source : Didier Thouart et Jacques Mazeau. Les grands seconds rôles du cinéma français.

Filmographie

 

82 LONGS MÉTRAGES DÉTAILLÉS
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1954 - ESCALIER DE SERVICE

 

1953 - C'EST LA VIE PARISIENNE

 

1953 - VIRGILE

 

1953 - ENNEMI PUBLIC N°1 .L'

 

1953 - CARNAVAL

 

1952 - FÊTE À HENRIETTE .LA

 

1950 - PETITES CARDINAL .LES

 

1950 - MIQUETTE ET SA MÈRE

 

1950 - DAME DE CHEZ MAXIM .LA

 

1950 - MARIAGE DE MADEMOISELLE BEULEMANS .LE

 

1949 - ROME EXPRESS

 

1948 - VEUVE ET L'INNOCENT .LA

 

1948 - DOCTEUR LAENNEC

 

1947 - SI JEUNESSE SAVAIT

 

1947 - CLOCHEMERLE

 

1946 - PLOUM PLOUM TRA LA LA

 

1946 - PORTES DE LA NUIT .LES

 

1945 - JEUX DE FEMMES

 

1945 - ON DEMANDE UN MÉNAGE

 

1945 - CHRISTINE SE MARIE

 

1945 - J 3 .LES

 

1945 - AMI VIENDRA CE SOIR .UN

 

1944 - LUNEGARDE

 

1944 - MERLE BLANC .LE

 

1943 - JEANNOU

 

1943 - SOLEIL DE MINUIT .LE

 

1942 - MARIE-MARTINE

 

1942 - AILES BLANCHES .LES

 

1941 - MADEMOISELLE SWING

 

1941 - OPÉRA-MUSETTE

 

1941 - NUIT FANTASTIQUE .LA

 

1941 - NE BOUGEZ PLUS

 

1941 - CLUB DES SOUPIRANTS .LE

 

1940 - FAUSSE ALERTE

 

1940 - CAVALCADE D'AMOUR

 

1939 - CORSAIRE .LE

 

1939 - BATTEMENT DE COEUR

 

1939 - ILS ÉTAIENT NEUF CÉLIBATAIRES

 

1939 - MONSIEUR BROTONNEAU

 

1939 - ESCLAVE BLANCHE .L'

 

1939 - OTAGES .LES

 

1938 - RÉCIF DE CORAIL .LE

 

1938 - GARGOUSSE

 

1938 - VÉNUS DE L'OR .LA

 

1938 - TRICOCHE ET CACOLET

 

1938 - BELLE ÉTOILE

 

1938 - DOMPTEUR .LE

 

1937 - DÉSIRÉ

 

1937 - CHANTEUR DE MINUIT .LE

 

1937 - CANTINIER DE LA COLONIALE .LE

 

1937 - IGNACE

 

1937 - GAGNANT .LE

 

1937 - VOLEUR DE FEMMES .LE

 

1937 - DÉGOURDIS DE LA 11ÈME .LES

 

1936 - VOUS N'AVEZ RIEN À DÉCLARER ?

 

1936 - POULE SUR UN MUR .UNE

 

1936 - GUERRE DES GOSSES .LA

 

1936 - PÉPÉ LE MOKO

 

1936 - MESSIEURS LES RONDS-DE-CUIR

 

1936 - TOI, C'EST MOI

 

1936 - SEPT HOMMES, UNE FEMME

 

1935 - ROMAN D'UN JEUNE HOMME PAUVRE .LE

 

1935 - TRAIN DE PLAISIR

 

1934 - ON A TROUVÉ UNE FEMME NUE

 

1934 - HÔTEL DU LIBRE ÉCHANGE .L'

 

1934 - ENFANT DU CARNAVAL .L'

 

1934 - MAM'ZELLE SPAHI

 

1933 - DEUX CANARDS .LES

 

1933 - SON AUTRE AMOUR

 

1933 - CASANOVA

 

1933 - PÈRE PRÉMATURÉ .LE

 

1932 - FILS IMPROVISÉ .LE

 

1931 - MA COUSINE DE VARSOVIE

 

1931 - ATOUT COEUR

 

1931 - PARIS-BÉGUIN

 

1930 - AMOUR CHANTE .L'

 

1929 - ROUTE EST BELLE .LA

 

1921 - MADEMOISELLE DE LA SEIGLIÈRE

 

1917 - SI JAMAIS JE TE PINCE

 

1911 - DEUX COLLÈGUES .LES

 

1911 - MAX ET SA BELLE-MÈRE

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commentaires (1)

Nino

22-03-2013 12:04:48

Inoubliable, fanstasque, jouissif, pétillant, éclatant, inattendu, virevoltant, sautillant, coquin, MAGNIFIQUE !