ROLAND LESAFFRE

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Profession:
Acteur français.

Date et lieu de naissance:
26-06-1927, à L'hôpital de Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme, France.

Date et lieu du décès:
03-02-2009, à Paris, France.

Cause du décès:
De mort naturelle à l'âge de 81 ans.

Nom de naissance:
Roland Lesaffre.

État civil:
Marié en 1956 avec l'actrice japonaise : YOKO TANI - Divorcé en 1962.

Conjoint de la comédienne : Tania Busselier.

Taille:
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Commentaires: 4

Anecdotes

Il nait 26 juin 1927, dans l'ascenseur de l'hôpital de Clermont-Ferrand...

Après une jeunesse aventureuse, il fut à partir des années 1950 un acteur fétiche de Marcel Carné. Il occupa le plus souvent des seconds rôles, mais de façon récurrente avec de bons réalisateurs (Carné, Sacha Guitry, Alfred Hitchcock, Jean-Pierre Melville, Henri Decoin, etc.). Il participa cependant à quelques nanars parmi ses nombreux films, Mais qui n'en a pas fait !!

Ancré en rade d'Alger, il découvre que le second maître chargé de son " instruction " ressemble à un acteur de cinéma très connu : Jean Gabin. Mais ce n'est pas une ressemblance, Jean Gabin s'est en effet engagé lui aussi dans les fusiliers marins.

Fin 1944, ayant un peu triché sur son âge, il s'engage dans les fusiliers marins, devient champion de la marine et participe, aux côtés de Marcel Cerdan, René Pons, Addadain, aux Jeux interalliés de Rome.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, à l'âge de 16 ans il s'enrola dans le maquis de Corrèze, sous les ordres d'Hervé Vaujourd.
Il avait fait un an d'école de Fusiliers Marins à l'école de Siroco à Alger en Algérie.
Sorti 5e de l'école de la Promotion des Fusiliers Marins.
Et il fut aussi moniteur d'éducation physique pour l'armée.

Il a publié son autobiographie sous le titre de Mataf (Les éditions Pygmalion, 1991).

Hommage à ROLAND LESAFFRE dans un extrait du film "L'air de Paris" avec son ami de toujours "Jean Gabin"

Fait le 04 février 2009 par Philippe de CinéMémorial.

photos

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Biographie

26 juin 1927, dans un ascenseur de l'hôpital de Clermont-Ferrand... Ce pourrait être le début d'un film, mais non... C'est le cadre de la naissance de Roland Lesaffre que sa mère, championne de natation, et son père, soldat, vont plus ou moins abandonner puisqu'il se retrouve à l'orphelinat quelques mois plus tard. Élevé dans les pensionnats de province, à Noxon, dans la Haute-Vienne, le jeune Roland est très vite considéré comme une forte tête, un révolté... et un beau jour, ce qui devait arriver, arriva : il s'évade pour courir la grande aventure. " Il y avait près de deux ans nous étions en 1942 que je souffrais à Noxon, d'une inactivité qui me pesait. L'école ne me plaisait pas. Alors je filai chez les Compagnons de France, au Centre de Jeunesse de Limoges. Je croyais y trouver la grande aventure, ou, à défaut, un métier. L'administration m'expédia au camp d'aviation de Fétia où mon activité se borna à balayer les hangars. " (Révélation, 1954.) Muté quelques mois plus tard à Limoges, il s'empoigne avec un chef de groupe et est placé dans un camp de discipline, à Rochechouart, obligé d'abattre des sapins, la hache à la main. Mais, passionné de sport, Roland Lesaffre commence à se faire remarquer sur les terrains de football. Du football à la boxe, il n'y a pas loin. Il fait ses débuts officiels sur un ring à Limoges, mais son combat contre un champion de la police locale un colosse tourne court. Roland à tout juste treize an. Il passe alors de Limoges à Brive, se passionne pour le sport et se retrouve dans un groupe de résistance, menant la vie de guérilla à travers la Corrèze et la Vienne.

Fin 1944, ayant un peu triché sur son âge, il s'engage dans les fusiliers marins, devient champion de la marine et participe, aux côtés de Marcel Cerdan, René Pons, Addadain, aux Jeux interalliés de Rome, dans l'équipe française de boxe amateur. Puis il s'en va combattre contre l'Afrika Korps allemand et sur Le Sirocco, alors ancré en rade d'Alger, il découvre que le second maître chargé de son " instruction " ressemble à un acteur de cinéma très connu : Jean Gabin. Mais ce n'est pas une ressemblance, Jean Gabin s'est en effet engagé lui aussi dans les fusiliers marins. Le célèbre acteur s'intéresse au jeune Lesaffre et le considère comme son petit frère jusqu'au jour où, poussé par le démon de l'aventure, Roland Lesaffre se fait affecter à l'Emile-Bertin, croiseur en partance pour une fabuleuse croisière dans le Pacifique. Mais, en vue de Sumatra, la croisière se transforme en commando de débarquement. Torturé par les Japonais, blessé par une mitrailleuse, piqué par un scorpion.... Roland Lesaffre en réchappe et sa conduite lui vaut la croix de guerre ; il revient en France cinq ans plus tard, après avoir fait " un petit tour ", par Tokyo, Port-Arthur, Vladivostock, Shangaï, les Philippines et l'Amérique. Démobilisé de la Marine, sans un sou à Paris, il attend une place de moniteur d'éducation physique au RacingClub de France lorsque par hasard, dans un autobus, il rencontre un photographe connu en Indochine qui lui propose de faire un tour aux studios de Joinville ou Marcel Carné tourne un film avec Gabin.

" Mon ami photographe me dit : "Va donc voir Carné, il te trouvera peut-être du boulot". L'après-midi je rentre sur le plateau B qu'on m'avait indiqué et je vois un petit bonhomme assis sur un perchoir à deux mètres du sol. Soudain il m'aperçoit (c'était Carné) et se met à hurler : "Qu'est-ce que c'est que ce c...-là ? Sortez-le moi s'il vous plaît et en vitesse !" Un type me prend par le bras en me disant : "Vous ne voyez pas qu'il y a le rouge ?" "Quel rouge" "Je vous prie de quitter le plateau" "Mais je suis venu voir mon pote Gabin" "Tout à l'heure, maintenant, sortez !". Une heure après, à la cantine, Gabin me rejoignait et on tombait dans les bras l'un de l'autre. Puis il m'a présenté à Carné : "Un copain du Sirocco, il est dans la mélasse. Fais lui faire un peu de figuration." C'est comme ça que j'ai débuté dans La Marie du port, à mille francs par jour. " (Ciné-Paris, 1966).

Le jour de sa première convocation, il rate deux autobus et arrive terriblement en retard au studio. " Le silence était uniquement troublé par la voix de Carné occupé à diriger Gabin. Je crus donc qu'ils répétaient ; la conscience tranquille, je me plantai devant une glace en plein décor et commençais à rectifier ma tenue de marin arrangée à la hâte lorsque, brusquement, je me sentis m'envoler, pour retomber quelques mètres plus loin. C'était Carné, ce minuscule petit bonhomme, qui m'a fait sortir du champ en me soulevant dans ses bras. Ce que j'avais pris pour une répétition était, en réalité, une prise de vue réelle. La caméra avait enregistré, en même temps que celle de Gabin, ma scène de coquetterie devant le miroir. Tels furent mes débuts au cinéma... Jean Gabin ne me révéla pas tout de suite que Carné avait dit de moi en voyant mes bouts d'essai : "Ce garçon-là est mieux qu'un acteur, c'est une force de la nature, un tonnerre déchaîné". " (Révélation, 1954).

Marcel Carné encourage donc Roland Lesaffre à travailler d'arrache-pied. C'est ce qu'il fait en s'inscrivant aux cours de Maurice Escande et en participant à de nombreuses pièces de théâtre : Barabbas, Philippe roi, Le Retour de l'enfant prodigue, Les Enfants terribles... Au cinéma, après La Marie du port, en 1949, où sa figuration est devenue petit rôle, il tourne l'année suivante Juliette ou la clé des songes de Marcel Carné, où il incarne un légionnaire auquel un chiromancien retrace le passé, aux côtés de Gérard Philippe, et L'Étrange Madame X, de Grémillon, avec Michèle Morgan. Dans Nous sommes tous des assassins, de Cayatte, il fait une création très remarquée en coiffeur des condamnés à mort, collectionnant les mèches de cheveux. La même année, il tourne Casque d'or, avec Signoret. En 1953, on commence à lui confier des rôles plus importants. Boxeur dans Quand tu liras cette lettre, il est un marin-maître chanteur dans Thérèse Raquin (toujours Carné) qui le classe définitivement au rang de jeune vedette. Avec L'Air de Paris (Carné, Gabin, Arletty) il revit presque image par image, l'aventure de sa vie, dans le cadre même où il l'a vécue, avec les personnages qui l'ont aidé au bon moment. Pour cette interprétation, il obtient le Prix populiste du Cinéma français. Il tourne ensuite avec Hitchcock La Main au collet et Si Paris m'était conté, de Sacha Guitry. Mais, succédant à sa consécration de jeune premier, Roland Lesaffre passe une période difficile. En 1952, il épouse Yoko Tani qu'il avait rencontrée au Festival de Cannes l'année précédente.

" Je me demandais de quoi demain allait être fait. Après L'Air de Paris, je n'avais tourné que peu de films qui ne marchaient pas. Or, Carné lui-même connaissait une mauvaise passe, le fameux sujet qu'il préparait en Italie posant finalement des problèmes qui obligeaient à remettre la réalisation à plus tard. De plus, Yoko avait été très malade et avait failli mourir ayant pris froid en tournant une scène en maillot de bain, dans l'eau, pour Mannequins de Paris, où elle avait décroché un petit rôle. " (Ciné-Revue, 20 mai 1960.) Et Roland Lesaffre répart à zéro. Il joue un rôle de peintre dans Crime et Châtiment, un jeune truand dans La Bonne Tisane, un résistant dans Le Septième Jour de Saint-Malo et un sympathique voyou dans Les Tricheurs. Pourtant, il ne décolle pas des seconds rôles, intéressants certes, mais toujours frustrants pour un comédien. Peut-être à cause de cette " ressemblance " avec Gabin que soulignait André Bazin à propos de L'Air de Paris.

" Il forme avec Gabin un couple humain curieux. Il y a dans le personnage de Lesaffre quelque chose de Gabin jeune, du Gabin de Gueule d'amour et de Pépé le Moko, mais sans la force grave, l'espèce de sagesse du malheur qui domine maintenant en Gabin vieux. Lesaffre me fait songer à la réplique musicale de Gabin en plusieurs octaves plus aiguës, comme jouées sur la corde la plus mince et la plus tendue du violon. " (Radio - Télé -Cinéma, 3 oct. 1954.)
On peut se demander pourquoi Roland Lesaffre va connaître une carrière à ellipses. Ce n'est pourtant pas faute de ne pas s'incarner totalement dans la peau de ses personnages. Garçon de café dans Casque d'or, il fait un stage d'un mois dans un bistrot. Mécano dans Les Tricheurs, il se fait engager dans une station-service. Pour Du mouron pour les petits oiseaux, il se promène pendant trois semaines avec l'Armée du Salut, et pour Le Bluffeur, il s'initie dans les coulisses du Lido aux mystères de la prestidigitation. Curé dans La Jeunesse aux pieds nus, tourné au Japon, il a de fréquents entretiens avec des missionnaires français. Pilote dans Trois chambres à Manhattan, il reste quinze jours à Orly ; flic dans L'Or du duc, il fait un stage au commissariat du dix-huitième... La liste des filins, prouvant sa grande conscience professionnelle, est longue et impressionnante. Après Le Mur de l'Atlantique, en 1971, il tourne Les Assassins de l'ordre, La Merveilleuse visite, de Marcel Carné en 1973, Il faut vivre dangereusement, et joue beaucoup pour le petit écran, notamment La Vie à pleines dents, et plus récemment, Au bout du chemin, de Daniel Martineau, en 1980, et Mon amie Socia, du même réalisateur, Ultimatum, de Georges Farrell, en 1981, Madame êtes-vous libre ?, avec Denise Fabre.

Discret et réservé quant à sa vie privée, Roland Lesaffre divorcé de Yoko Tani, vit actuellement avec la comédienne Tania Busselier est aussi fidèle en amitié. Il a réalisé un véritable exploit en arrivant à convaincre la ville de Boston de consacrer un musée entier à Marcel Carné. C'est un cas unique au monde et exceptionnel pour un cinéaste français. Ainsi, Roland Lesaffre a rendu un parfait hommage à Marcel Carné, en souvenir de L'Air de Paris.

Source : Didier Thouart et Jacques Mazeau. les grands seconds rôles du cinéma français.

Filmographie

 

54 LONGS MÉTRAGES DÉTAILLÉS
_________________________________

1990 - DAMES GALANTES

 

1989 - PASSION DE BERNADETTE .LA

 

1987 - BERNADETTE

 

1981 - SALUT J'ARRIVE

 

1976 - EL AVISPERO

 

1975 - MAÎTRE PYGMALION

 

1975 - IL FAUT VIVRE DANGEREUSEMENT

 

1974 - MERVEILLEUSE VISITE .LA

 

1972 - AMOUR, OUI MAIS .L'

 

1970 - MUR DE L'ATLANTIQUE .LE

 

1970 - ENFANTS DE CAÏN .LES

 

1970 - KISSS...

 

1970 - ASSASSINS DE L'ORDRE .LES

 

1969 - COUPS POUR RIEN .LES

 

1969 - BOURGEOIS GENTIL MEC .LE

 

1968 - TRAQUENARDS

 

1967 - JEUNES LOUPS .LES

 

1967 - BAL DES VOYOUS .LE

 

1965 - DESTINATION : PLANÈTE HYDRA

 

1965 - TROIS CHAMBRES À MANHATTAN

 

1965 - PAS DE PANIQUE

 

1965 - OR DU DUC .L'

 

1964 - ÉTRANGE AUTO-STOPPEUSE .L'

 

1963 - PARIAS DE LA GLOIRE

 

1963 - BLUFFEUR .LE

 

1962 - DU MOURON POUR LES PETITS OISEAUX

 

1961 - FILLE DES TARTARES .LA

 

1961 - ACCIDENT .L'

 

1961 - MENTEURS .LES

 

1960 - TERRAIN VAGUE

 

1960 - FÊTE ESPAGNOLE .LA

 

1959 - SEPTIÈME JOUR DE SAINT-MALO .LE

 

1958 - TRICHEURS .LES

 

1958 - AMOUR, AUTOCAR ET BOÎTES DE NUIT

 

1958 - BONNE TISANE .LA

 

1957 - PIÈGE .LE

 

1957 - MÉFIEZ-VOUS FILLETTES

 

1957 - FILOUS ET COMPAGNIE

 

1956 - LOI DES RUES .LA

 

1956 - CRIME ET CHÂTIMENT

 

1956 - HADASHI NO SEISHUN

 

1955 - SOUPÇONS

 

1955 - SI PARIS NOUS ÉTAIT CONTÉ

 

1955 - MAIN AU COLLET .LA

 

1954 - AIR DE PARIS .L'

 

1953 - THÉRÈSE RAQUIN

 

1953 - QUAND TU LIRAS CETTE LETTRE

 

1953 - AMOUR D'UNE FEMME .L'

 

1952 - PARIS EST TOUJOURS PARIS

 

1952 - NOUS SOMMES TOUS DES ASSASSINS

 

1951 - CASQUE D'OR

 

1950 - JULIETTE OU LA CLÉ DES SONGES

 

1950 - ÉTRANGE MADAME X .L'

 

1949 - MARIE DU PORT .LA

 

1 DOCUMENTAIRE
____________________________________________

1985 - CARNÉ, L'HOMME À LA CAMÉRA
Documentaire de Christian-Jaque - Scénario : Roland Lesaffre


_______________________FIN_____________________

 

commentaires (4)

philippe

05-02-2009 11:47:16

merci pour cet hommage.

BALISSON

06-11-2009 16:58:42

Ce n'est pas le Siroco (navire) ancré dans la rade d'Alger, mais il s'agit du centre Siroco à Cap Matifou en face d'Alger, la Mecque des fusiliers marins et commandos

thierry

05-07-2011 13:17:27

Remarquable comédien négligé par les cinéastes de ces dernières années. Pourtant un excellent second rôle qui aurait eu sa place dans tant d'autres films. Malheureusement ses derniers rôles (à part ceux de Carné) ressemblaient plus à de la figuration. Dommage que le film "Mouche" n'ait pu voir le jour, faute d'investissements français (quelle honte !) car il aurait permis à de nombreuses personnes de se souvenir de son talent, de quel acteur nous disposions. A tous ceux qui comme moi l'admiraient, lisez son autobiographie "MATAF", superbe livre. Merci Monsieur Lesaffre.

thierry

26-06-2014 13:27:53

Une pensée pour cet excellent comédien, qui aurait eu 87 ans aujourd'hui. Il vivait rue des trois frères avec son épouse Tania Busselier avec qui il tourna quelques films dans les années 70, notamment avec Marcel Carné.