Démobilisé, Marcel Maupi se risque sur les scènes marseillaises et varoises et fait la connaissance de Raimu à l’Alcazar, ainsi qu’Edouard Delmont et Alida Rouffe. Sa renommée grandissante, il s’associe avec Raimu, devenu son ami et se produit dans les music-halls de la région toulonnaise. On devine le contraste entre les deux comiques Raimu grand et costaud et Maupi mesurant à peine 1,50 m se tortillant dans tous les sens.

Félix Mayol remarque Raimu et le convainc de le suivre à Paris afin qu’il se produit dans son théâtre parisien. Mais Raimu s’ennuie de son copain et supplie Marcel de venir le rejoindre. Arrivé dans la capitale, ils forment un duo et jouent ensemble dans diverses productions au concert Mayol.

Maupi se produit également à la Porte Saint-Martin, au Théâtre Moncey et aux Bouffes du nord.

Puis le cinéma l’appelle, il tourne quelques films avant de s’affirmer aux côtés de Raimu dans une vingtaine de films où il se contente parfois de courtes apparitions mais qui ne passent jamais inaperçues. Maigrelet, la verve franche, l'expression chafouine, malin à souhait, il fait jouer tous les muscles de sa petite bille de clown avec un talent naturel.

Raimu le recommande à Marcel Pagnol qui l’intègre dans sa trilogie qui sent bon la Provence ; «Marius» (1931) de Alexander Korda interprété par Pierre Fresnay, Orane Demazis dans le rôle de «Fanny» (1932) de Marc Allégret et Raimu à voix méridionale tonitruante est «César» (1936) de Pagnol lui-même, dans les trois films Maupi est Innocent Mangiapan, le mémorable chauffeur du ferry-boat, mais pour César, c’est le petit macaque, la petite crapule ou encore Frise Poulet et pour Panisse (Fernand Charpin), il est Mange-punaise et pour Monsieur Brun (Robert Vattier) il est phénomène, ajoutons au casting la présence d’Alida Rouffe, Édouard Delmont et Milly Mathis.

Durant toute sa carrière il est affublé de divers sobriquets tels : le Grand Salé dans « Le secret d’une nuit » (1934) une comédie de mœurs de Félix Gandera avec Albert Préjean et Lisette Lanvin ; Tastevin dans «Tartarin de Tarascon» (1934) de Raymond Bernard, avec Raimu dans le rôle titre ; Tirebouchon et Raimu Samplan dans « Gaspard de Besse » (1935) d'André Hugon avec Antonin Berval un brigand provençal.

Dans la comédie dramatique de Marcel Pagnol « La femme du boulanger » (1938) où Raimu découvre l’infidélité de son épouse (Ginette Leclerc), Maupi est Barnabé qui se dispute avec Blavette à propos de l’ombre de ses arbres qui empêche ses épinards de grandir; puis Coleville, le proche ami de Loulou (Raimu) un horticulteur amoureux de la chanteuse Marie Bell dit « Noix de coco » (1938) de Jean Boyer ; et Frisemotte, le garagiste aux cotés de Raimu en curé qui prie la Vierge Marie de lui accorder un miracle dans « Parade en 7 nuits » (1940) de Marc Allégret avec Julien Carette, Micheline Presle et Louis Jourdan ; et encore Jambe d'azur aux coté de Raimu qui joue « Le bienfaiteur » (1942) d’Henri Decoin, mais en réalité Raimu dirige une bande de malfaiteurs.

Maupi donne également la réplique à plusieurs reprises à Fernandel dont « Le cavalier Lafleur » (1934) de Pierre-Jean Ducis où il campe un garçon d’hôtel, un cireur de chaussures dans « Les rois du sport » (1937) de Pierre Colombier ; un barman dans » Le Schpountz » (1937) de Marcel Pagnol; le cabaretier Scipion Motto dans « L’aventure de Cabassou » (1945) de Gilles Grangier.

L’acteur donne aussi la réplique a d’autres grandes figures du cinéma français : aux cotés de Lise Delamare et Danielle Darrieux, il est Bellemain, un rugbyman dans « La fausse maîtresse » (1942) d'André Cayatte ; un barman aux cotés de Jean Marais et Simone Renant dans « Voyage sans espoir » (1943) de Christian-Jaque; un garagiste dans « Au petit bonheur » (1945) de Marcel L'Herbier avec François Périer et Danielle Darrieux; un clochard dans « Fausse identité (1946) » d'André Chotin avec Raymond Bussières et Louise Carletti ; il est Reboul dans « Le voleur se porte bien » (1946) de Jean Loubignac avec Jeanne Fusier-Gir et André Alerme ; le maître de ballet dans « Une nuit à Tabarin » (1947) de Karl Lamac avec Jacqueline Gauthier la belle vedette du Bal Tabarin ; un pharmacien dans « L’école buissonnière » (1948) de Jean-Paul Le Chanois avec Bernard Blier l'instituteur aux nouvelles méthodes d'éducation ; et dans son dernier film, il est Sosthène dans « La vie est un rêve » (1948) de Jacques Séverac avec Paul Demange et Suzy Carrier. Selon la bande à Pagnol, Maupi était le souffre-douleur de Raimu qui l'affublait de toute sortes de sobriquets c’est sans doute un peu vrai, néanmoins sans Raimu et Pagnol, il serait peut-être resté ce petit clown de caf’conc’ qu’il était à ses débuts. Marcel Maupi décède d'une crise cardiaque à Antibes, le 4 janvier 1949, deux ans après la disparition de son vieux compagnon Raimu. Il repose au cimetière Pasteur de Bagnolet en Seine-Saint-Denis.