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Profession:
Acteur, réalisateur, scénariste et producteur français.
Date et lieu de naissance:
06-07-1929, à Nice, Alpes-Maritimes, France.
Date et lieu du décès:
08-08-2019, à Paris, France.
Cause du décès:
De cause naturelle à l'âge de 90 ans.
Nom de naissance:
Jean-Paul Adam Mokiejewski.
État civil:
Marié en 1946 avec : MONIQUE BAUDIN - Le mariage ne dura que quelques mois.
Ils eurent deux fils : Frédéric et Marc Mokiejewski.
Il a vécu avec l'actrice : VÉRONIQUE NORDEY
Ils eurent un fils, le metteur en scène Stanislas Nordey, né en 1966.
Il se marie avec le mannequin : MARYSA (MARISA) MUXEN, il est devenu le père de sa fille
Olivia Mokiejewski, réalisatrice de documentaires.
De 2000 à 2017, il a partagé la vie de : PATRICIA BARZYK.
Taille:
?
Avec cet homme, rien n’était simple. On ne sait par exemple pas vraiment quel âge il avait. Pour des raisons d’exfiltration en Afrique du Nord pendant la Seconde Guerre mondiale, afin qu’il puisse prendre le bateau seul et retrouver son oncle à Alger pour y être à l’abri, ses papiers avaient été modifiés. Il avait donc trois ans de moins que son âge officiel. Jean-Pierre Mocky, cinéaste, acteur, auteur, propriétaire et directeur de salles, parfois polémiste, toujours fort en gueule, est mort hier, à 90 ans et 86 ans.
Né à Nice de parents juifs polonais d’ascendance tchétchène, le jeune Jean-Paul Adam Mokiejewski est élevé à Grasse. Le père, militaire, inventa une perceuse de tranchées qui s’appelait la «Mocky». La mère, elle, est fortunée. La famille, dans le sillage des Russes blancs fuyant le communisme, s’installe en France. Premier déclic cinématographique : Une nuit à l’opéra, des Marx Brothers. Le choc est tel que Mocky en parle encore quatre-vingts ans plus tard sur les bonus des DVD de ses films, dont il a réduit la longueur pour entrer précisément dans le cadre de ceux des comédies burlesques américaines (soixante-quinze minutes). Puis l’ado, entre une série de petits boulots, de plagiste à taxi, enchaîne les figurations aux Studios de la Victorine, notamment dans les Visiteurs du soir et les Enfants du paradis, de Marcel Carné. Monté à Paris en 1947, il est pris sous la coupe de Pierre Fresnay qui lui trouve des rôles au théâtre, puis au cinéma. Au Conservatoire, il côtoie la fameuse bande où se retrouvent les Belmondo, Cremer, Rich…
Mocky traverse les années 50 en jeune premier émacié, le visage anguleux, les yeux ardents, sans toutefois percer par sa singularité. Il faut attendre un compagnonnage avec Franju, en 1958, pour que Mocky se révèle : c’est la Tête contre les murs, dont il cosigne l’adaptation. L’entourage est important. Chez Mocky, l’esprit d’équipe, le phénomène de bande s’associe à la dévoration en solo. Lorsqu’il passe à la réalisation, à partir de 1959, il s’entoure d’un aréopage de stars qui lui servent de tremplin pour faire triompher son originalité : Aznavour (les Dragueurs), Francis Blanche (Snobs !) et surtout Bourvil (Un drôle de paroissien). L’identité de son œuvre est d’emblée paradoxale : des films de fabrication posée, soigneusement confectionnés, au service d’idées provocantes qui brocardent la religion, l’armée, le couple… Le sourire et la popularité d’un Bourvil ou d’un Fernandel servant d’excipient à la diffusion de ce que dans la France de De Gaulle, on pouvait assimiler aux idées de la chienlit. Si Mocky a de l’avance sur les idées de Mai 68, il a du retard sur la Nouvelle Vague qui déferle dans les salles, et sa recherche personnelle de liberté s’attache plutôt au libertarisme et à la causticité de comédies de plus en plus loufoques (la Bourse et la Vie, les Compagnons de la marguerite, la Grande Lessive…) Bête de plateaux télé Parmi ces premiers titres apparaît un penchant notable pour le fantastique, genre rarement maîtrisé en France, et dans lequel Mocky avance une esthétique singulière : la Cité de l’indicible peur ou Litan se posent comme des réussites où l’inquiétante étrangeté est à mille lieues des débandades de Chut ! ou du Roi des bricoleurs. Autre veine notable, les adaptations de polars, de préférence d’auteurs américains, Un linceul n’a pas de poches d’Horace McCoy, Ibis rouge de Fredric Brown… Une attirance forte qui le suit jusqu’à ses derniers titres comme le Renard jaune ou le Furet. Dans les années 70, c’est aussi par le biais du polar qu’il s’impose au centre de l’écran, reléguant une fois sur deux ses bandes déjà constituées (Lonsdale, Serrault, Poiret…) pour défendre une furie d’anar de droite, à moins que ce ne soit un humanisme de voyou, pour se poser enfin en héros d’une marge peu visitée, aux idées choc et aux yeux d’un bleu amoureux, un Inspecteur Harry dans le costume de Fanfan la Tulipe.
Côté cœur, rien n’est simple non plus. «Truffaut, Chabrol, Godard, ils sont tous entrés dans le cinéma pour baiser. Normalement, ils auraient jamais dû avoir ce genre de femmes. Moi, j’en ai toujours eu. Il y a des jalousies à mon égard.» Mocky, marié à l’âge de 13 ans, avoue dans une interview en 2015 avoir officiellement 17 enfants - au nombre desquels le comédien et metteur en scène Stanislas Nordey, fruit de son union avec la comédienne Véronique Nordey, et qui a confirmé sa mort à l’AFP jeudi. Les années 80 consacrent le caractère monstrueux de Mocky. Devenu bête de plateaux télé où il étale ses problèmes d’argent («Personne ne m’a aidé. Je fais partie des réalisateurs pauvres»), sa défiance du politique («J’essuie le mépris des ministres de la Culture. J’en ai connu 27, il y en a deux et demi qui étaient bons», expliquait-il à Libé) et où il s’amuse de ses conquêtes avec le franc-parler de certains de ses personnages, il livre aussi sur l’écran des satires hors normes, dont la grosseur du trait émerveille : A mort l’arbitre, le Miraculé, les Saisons du plaisir… L’inclassable faiseur semble avoir trouvé, en tapant toujours sur ses ennemis favoris, un équilibre dans le délire, une formule où le mordant n’est pas synonyme d’ânerie sur une forme passe-partout plus efficace que maladroite. Dans ces moments, Mocky s’apparente à un artiste peaufinant les finitions d’une œuvre originale, et à bien des égards unique, entamée depuis déjà trente ans. Jusqu’à Noir comme le souvenir, l’équilibre tient le coup. Mais Mocky ne s’arrête pas et entame gentiment l’autre pente de sa carrière. De plus en plus isolé du public mais toujours entouré de ses fidèles, Mocky produit low-cost sans trêve ni repos («Avec mes assistants, on mange pour 12 euros. Trois boudins aux pommes c’est 5 euros»), parfois sans autre salle où présenter ses films que le Brady dont il est propriétaire. Au tournant des années 2010, il le revend et prend possession de l’Action Ecole, l’un des temples cinéphiliques du Quartier latin, qu’il transforme en Desperado et voue alors entièrement à la distribution de ses films, à des enchaînements d’hommages et de sorties techniques le maintenant artificiellement dans le circuit, tandis qu’il s’use à faire le VRP de son gigantesque catalogue de plus de 80 titres («Je vends un film par an à Arte, ça me fait vivre. Je me bats comme je peux avec mes vieux films.»)
Férocité
On l’avait rencontré en 2015, alors qu’il sortait une biographie, dans un appartement quasi vide donnant sur les quais. A côté de son chien qu’il caressait autant qu’il l’engueulait, il avait multiplié les anecdotes et les chiffres, défendant sa boutique comme l’épicier qu’il s’était choisi de devenir en appelant sa boîte de prod MDP, Mocky Delicious Products, dans l’esprit d’un delicatessen au néon grésillant au fond d’une impasse. On avait senti une volonté de ne pas se laisser aller au sentiment, dans la façon avec laquelle il évoquait les figures disparues qui avaient jalonné et contribué à créer sa propre gloire. «J’ai commencé avec des vieux. Comme ils sont morts, je me retrouve tout seul.» Parfois, il sautillait vers une armoire pour en sortir l’exemplaire d’époque d’un Cinérevue ou d’un Positif parlant de ses films. On souriait à la vue des pages jaunies, mais c’était sa vie qu’il brandissait sous nos yeux. Il disait alors : «Les films sont identiques. Les miens ont toujours été bâclés. Tous ont des défauts, ce n’est pas grave. En revanche, les gens, eux, changent.» Sa férocité de jeunesse et son caractère entier n’ont, eux, jamais été altérés.
1981 - Pour le film : LITAN - Prix de la Critique - Festival du cinéma fantastique - Avoriaz, France.
1981 - Pour le film : LITAN - Clavell d’Argent du meilleur scénario - Festival Catalan international du cinéma - Sitges, Espagne.
103 LONGS MÉTRAGES DÉTAILLÉS
2019 - TOUS FLICS !
2017 - VÉNÉNEUSES
2017 - VOTEZ POUR MOI !
2016 - ROUGES ÉTAIENT LES LILAS
2016 - REDOUTABLE .LE
2016 - CABANON ROSE .LE
2015 - MONSIEUR CAUCHEMAR
2015 - TU ES SI JOLIE CE SOIR
2015 - COMPAGNONS DE LA POMPONETTE .LES
2014 - DORS MON LAPIN
2013 - MYSTÈRE DES JONQUILLES .LE
2013 - CALOMNIES
2012 - RENARD JAUNE .LE
2012 - CATILINA OU LE VENIN DE L’AMOUR
2011 - À VOTRE BON COEUR MESDAMES
2011 - MENTOR .LE
2011 - CRÉDIT POUR TOUS
2011 - AMERICANO
2010 - INSOMNIAQUES .LES
2010 - DOSSIER TOROTO
2007 - DEAL .LE
2007 - 13 FRENCH STREET
2006 - BÉNÉVOLE .LE
2005 - GRABUGE !
2005 - BALLETS ÉCARLATES .LES
2004 - TOURISTES OH YES
2003 - FURET .LE
2002 - ARAIGNÉES DE LA NUIT .LES
2001 - BÊTE DE MISÉRICORDE .LA
2000 - GLANDEUR .LE
2000 - CANDIDE MADAME DUFF .LA
1999 - TOUT EST CALME
1998 - VIDANGE
1998 - ROBIN DES MERS
1997 - ALLIANCE CHERCHE DOIGT
1994 - NOIR COMME LE SOUVENIR
1993 - MARI DE LÉON .LE
1993 - BONSOIR
1992 - VILLE À VENDRE
1990 - MOCKY STORY
1990 - IL GÈLE EN ENFER
1989 - DIVINE ENFANT
1988 - SAISONS DU PLAISIR .LES
1988 - NUIT À L'ASSEMBLÉE NATIONALE .UNE
1987 - MIRACULÉ .LE
1987 - AGENT TROUBLE
1985 - PACTOLE .LE
1985 - MACHINE À DÉCOUDRE .LA
1984 - À MORT L'ARBITRE !
1983 - PRÉNOM CARMEN
1982 - Y A-T-IL UN FRANÇAIS DANS LA SALLE ?
1981 - LITAN
1979 - PIÈGE À CONS .LE
1978 - ZIZANIE .LA
1978 - TÉMOIN .LE
1976 - ROI DES BRICOLEURS .LE
1975 - IBIS ROUGE .L'
1974 - OMBRE D'UNE CHANCE .L'
1974 - LINCEUL N'A PAS DE POCHES .UN
1973 - SOURIRE VERTICAL .LE
1971 - CHUT !
1971 - ALBATROS .L'
1969 - ÉTALON .L'
1969 - SOLO
1968 - GRANDE LESSIVE ! .LA
1966 - COMPAGNONS DE LA MARGUERITE .LES
1965 - BOURSE ET LA VIE .LA
1964 - CITÉ DE L'INDICIBLE PEUR .LA
1963 - DRÔLE DE PAROISSIEN .UN
1962 - VIERGES .LES
1962 - SNOBS !
1960 - COUPLE .UN
1959 - TÊTE CONTRE LES MURS .LA
1959 - DRAGUEURS .LES
1957 - ROUGE EST MIS .LE
1957 - GORILLE VOUS SALUE BIEN .LE
1955 - GRAZIELLA
1955 - GLI SBANDATI
1954 - STRADA .LA
1954 - SENSO
1953 - MATERNITÉ CLANDESTINE
1953 - GRAND PAVOIS .LE
1953 - COMTE DE MONTE-CRISTO .LE
1952 - ÉTERNEL ESPOIR
1952 - VAINCUS .LES
1952 - NEIGE ÉTAIT SALE .LA
1951 - DEUX SOUS DE VIOLETTES
1950 - DIEU A BESOIN DES HOMMES
1950 - BIBI FRICOTIN
1949 - PORTRAIT D'UN ASSASSIN
1949 - ORPHÉE
1949 - OCCUPE-TOI D'AMÉLIE
1949 - NUIT DE NOCES .UNE
1949 - AU GRAND BALCON
1948 - PARADIS DES PILOTES PERDUS .LE
1948 - CASSE-PIEDS .LES
1946 - RÊVES D'AMOUR
1946 - MACADAM
1946 - HOMME AU CHAPEAU ROND .L'
1946 - CABANE AUX SOUVENIRS .LA
1945 - AFFAIRE DU COLLIER DE LA REINE .L'
1944 - VIVE LA LIBERTÉ
1942 - VISITEURS DU SOIR .LES
SES COURTS MÉTRAGES ET DOCUMENTAIRES
2016 - LOI DE L'ALBATROS .LA
2015 - RUSTRE ET LE JUGE .LE
2015 - MAGICIEN ET LES SIAMOIS .LE
2015 - DOLORÈS
2014 : CERISE .LA
2014 - MARLOWE
2012 - CHAPEAU
2010 - ORPHÉE, RETOUR SUR LE TOURNAGE
2010 - JEAN AURENCHE, ÉCRIVAIN DE CINÉMA
2009 - TRAVERSÉE DU DÉSIR .LA
2007 - JEAN GOURGUET, UN ARTISAN DU CINÉMA
2006 - JEAN GOURGUET, ARTISAN DU MÉLODRAME ET DU FILM POLISSON
2005 - MÉMOIRES DU CINÉMA FRANÇAIS
2000 - PARAPLUIE DE CHERBOURG .LE
2000 - FAISEUR D'IMAGES - JEAN-PIERRE MOCKY
1999 - FRANCIS BLANCHE, À LA VIE À L'HUMOUR
1991 - VERITÉ QUI TUE .LA
1991 - MÉTHODE BARNOL .LA
1991 - DIS-MOI QUI TU HAIS
1991 - CRIME IMPARFAIT
1989 - VINGT P’TITES TOURS
1988 - MÉLIÈS 88 : GULLIVER
1988 - ENDURO PARTY
1987 - NICE IS NICE
1986 - GRANDEUR ET DÉCADENCE D'UN PETIT COMMERCE DE CINÉMA
1986 - BRIDGE .LE
1983 - LETTRE D'UN CINÉASTE : LE MYSTÈRE MOCKY
1982 - JEAN-PIERRE MOCKY, UN DRÔLE D'OISEAU
1974 - HISTOIRE DU CINÉMA FRANÇAIS PAR CEUX QUI L'ONT FAIT
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