Né le 16 mars 1928 à Paris, fils d'un coiffeur pour dames, Jacques Seiler avait été découvert par le grand public dans la série "Vidocq" à la télévision (de 1967 à 1973).

Sur le petit et le grand écran, où il a interprété une soixantaine de personnages, sa longue "gueule" aux lourdes paupières et son crâne rasé - pour cause de pêche sous-marine - l'avaient abonné aux seconds rôles voyants, dans nombre de nanars des années 1970, notamment lorsqu'il accompagne les Charlots dans la série des Bidasses, sous le képi du sergent Bellec.

Mais le théâtre réserve à Jacques Seiler les premiers rôles, et les premières de grands auteurs contemporains. Après qu'Yves Robert l'a propulsé dans les cabarets de Saint-Germain-des-Prés où il fait ses classes d'acteur, il entre au TNP de Vilar. Il sera de Lorenzaccio ou d'Arturo Ui. La rencontre déterminante de l'époque est celle de Roland Dubillard. En 1970, Jacques Seiler fonde sa propre compagnie, Théâtre aujourd'hui. Il réunit en 1971 des textes de Dubillard, Jean-Claude Grumberg ou Guy Foissy sous le titre du Gobe-douille au Théâtre du Vieux-Colombier.

Il retrouvera Dubillard pour After-Show, L'Eau en poudre et, surtout, La Maison d'Os (Studio des Champs-Élysées), où auteur et interprète montent ensemble sur scène. En 1980, il invente une transcription scénique des Exercices de style de Queneau (avec Danièle Lebrun et Jacques Boudet), qui tiendra l'affiche plusieurs années et fera le tour du monde. Il monte Vitrac et Vian, Audiberti et Sirjacq, des rêveurs et des verbieurs, des baroques et des branques.

Son nom est venu aussi s'attacher à celui de Pinget. Pièces, aussi bien que récits et romans de l'écrivain suisse, adaptés avec Anne Brigitte Kern. Après Autour de Mortin au Théâtre Essaïon (1979), il met en scène Monsieur Songe (1989). Suivront Théo ou le temps neuf (1994) et Quelqu'un (1997). Pour sa dernière mise en scène, Jacques Seiler allait réunir quelques textes de Roland Dubillard sous le titre Heureusement que vous êtes là. C'était au Poche-Montparnasse, à l'automne 1999.

Source : Jean-Louis Perrier pour Le Monde.