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Profession:
Romancier et scénariste belge.
Date et lieu de naissance:
12-02-1903, à Liège dans la province de Liège, Belgique.
Date et lieu du décès:
04-09-1989, à Lausanne, Vaud, Suisse.
Cause du décès:
De mort naturelle à l'âge de 86 ans.
Nom de naissance:
Georges Joseph Christian Simenon.
État civil:
Liaison en 1925 avec l'actrice : JOSEPHINE BAKER
Marié le 24 mars 1923 avec : RÉGINE RENCHON, surnommée TIGY - divorcé le 21 juin 1950.
Ils eurent un fils : Marc, né en 1939.
Marié avec une québécoise le 22 juin 1950 : DENYSE OUIMET - separé en 1964
Ils eurent trois enfants : Jean Denis, dit Johnny, né en 1949.
Marie Georges, dites Marie-Jo, née en 1953 et décédera en 1978.
Pierre Nicolas, né en 1959.
Sa dernière compagne fut : TERESA SBURELIN.
Taille:
?
Fils de Désiré Joseph Hubert Simenon (comptable) et de Henriette Marie Elise Brüll.
Sa fille : Marie-Jo Simenon (1953 - 1978). Elle se suicidera en se tirant une balle de pistolet dans la poitrine à l'âge de 25 ans.
Georges Simenon est né officiellement à Liège, rue Léopold, le jeudi 12 février 1903 : c’est du moins ce qu’a déclaré Désiré Simenon, le père de l’enfant. En réalité, Henriette Simenon a accouché à minuit dix, le vendredi 13 février 1903, et a supplié son mari de faire une fausse déclaration pour ne pas placer l’enfant sous le signe du malheur… Malgré cet incident, l’arrivée de ce premier enfant comble les parents et tout particulièrement le père qui pleure de joie : " Je n’oublierai jamais, jamais, que tu viens de me donner la plus grande joie qu’une femme puisse donner à un homme " avoue-t-il à son épouse.
1921, c’est l’année où Georges va se fiancer avec Régine Renchon, une jeune fille rencontrée quelques mois plus tôt au sein d’un groupe d’artistes plus ou mois marginaux.
Le jeune homme gagne quand même sa vie et le 24 mars 1923, il épouse Régine Renchon à l’église Sainte-Véronique de Liège. Dernière concession à Henriette, la cérémonie religieuse à laquelle elle tient est vite célébrée et Simenon reprend le train pour Paris le soir même en compagnie de Tigy.
En 1923, il avait rencontré Colette qui s’est remariée avec Henry de Jouvenel, le rédacteur en chef du Matin. La romancière refuse d’abord ses textes, lui donne des conseils et à la deuxième tentative elle publie un conte signé Georges Sim. Leur collaboration sera fructueuse et les conseils de Colette, toujours appréciés par le jeune homme.
Un soir d’octobre 1925, au théâtre des Champs-Elysées, c’est la rencontre avec une jeune fille de Saint Louis (Missouri), alors totalement inconnue, qui danse dans La Revue nègre. Elle a vingt ans et s’appelle Joséphine Baker. Immédiatement c’est le coup de foudre et la jolie mulâtresse séduit Simenon : désormais le couple ne se déplace plus sans Joséphine, mais l’infortunée Tigy semble ignorer complètement cette liaison qui durera jusqu’au début de 1927.
Après l’idylle avec Joséphine Baker, Simenon décide de quitter l’ambiance de la capitale et de réaliser un de ses rêves de jeunesse : s’embarquer sur un bateau… En réalité, le jeune romancier n’envisage pas de partir sur les traces de Conrad, une de ses lectures d’adolescent, mais plus modestement de faire le tour de France sur les canaux et les rivières. Il achète un canot de cinq mètres équipé d’un petit moteur, et un canoë pour le matériel de camping. Pendant cette année 1928, six mois durant, le romancier va découvrir la France " entre deux berges ", pour reprendre le titre de l’un de ses articles : le navigateur débutant, qui est parti en compagnie de Tigy, de Boule et du chien Olaf, n’a pas oublié sa machine à écrire et travaille en plein air au grand étonnement des promeneurs. De cette expérience, il tirera la matière de plusieurs romans, et notamment Le Charretier de la «Providence».
En 1931, ce sera le lancement des Maigret. Le romancier se transforme ici en professionnel du marketing en organisant une soirée où le Tout-Paris sera invité. C’est le fameux " Bal anthropométrique ", dans une boîte de nuit de Montparnasse. Désormais Fayard peut être rassuré sur le sort de sa collection, tandis que le cinéma s’empare de ce nouveau filon. Le Chien jaune est porté à l’écran par Jean Tarride un an après la parution du roman, tandis que Jean Renoir adapte La Nuit du carrefour en 1932. Malheureusement, ces films pour diverses raisons ne sont pas des succès : après une troisième expérience (avec La Tête d’un homme), Simenon abandonnera tout projet d’adaptation pour plusieurs années.
En 1935, une rencontre sera pourtant déterminante pour lui. C’est André Gide, qui le croise dans les couloirs de la maison Gallimard et veut s’entretenir séance tenante avec le " phénomène " Simenon. Le futur prix Nobel de littérature est plein d’admiration pour l’auteur des Maigret, surtout lorsque le commissaire n’est pas présent dans le roman ! Il bombarde Simenon de questions et c’est le début d’un long dialogue visites mutuelles ou correspondance entre les deux hommes qui n’avaient guère de points communs à l’origine… Gide dévore Simenon, s’enthousiasme pour certains titres, mais ne ménage pas non plus ses critiques lorsque l’œuvre lui paraît inégale.
Côté sentimental, Simenon se sent bien avec Tigy qu’il considère plutôt comme une bonne camarade. Après sa liaison avec Joséphine Baker, il n’a pourtant pas renoncé aux aventures, mais par peur des complications, se contentera surtout de relations régulières avec des prostituées. A l’approche de la quarantaine, il demande cependant à Tigy de lui donner un enfant : Marc Simenon va naître ainsi le 19 avril 1939 dans une clinique de la banlieue de Bruxelles, alors que les bruits de bottes se font de plus en plus entendre en Europe.
La guerre va surprendre la famille Simenon dans sa maison de Nieul, près de La Rochelle, qui correspond plus au vrai tempérament du romancier après la vie bourgeoise menée à Neuilly. L’attaque allemande est trop brutale pour qu’il puisse répondre à l’ordre de mobilisation de l’armée belge, et à l’ambassade de Belgique à Paris où il se présente, on le charge de revenir dans sa région d’adoption pour accueillir ses concitoyens qui fuient l’armée allemande : le voilà nommé haut-commissaire aux réfugiés belges. Cette tâche lui convient et il remplira sa mission avec efficacité et dévouement.
Il continue en effet à écrire mais doit réduire ses dépenses car les mandats des éditeurs se font rares. Cela ne l’empêche pas de vivre dans un château à Fontenay-le-Comte en Vendée, dont il loue une partie pour une somme assez modique il est vrai. Suivant les conseils d’André Gide, il travaille à un nouveau roman, Pedigree, récit autobiographique romancé de son enfance, mais aussi à des œuvres fortes comme La Veuve Couderc qui seront éditées chez Gallimard. Comme beaucoup d’écrivains vivant en France pendant l’occupation, il continue à publier malgré la censure et la pénurie de papier, et ne semble pas gêné d’être sollicité par les journaux collaborationnistes. Cette attitude pour le moins opportuniste lui sera reprochée à la Libération, même si le romancier n’a jamais manifesté de sentiments pro-allemands. Ce qui aggrave encore son cas, ce sont ses relations avec les gens de cinéma liés avec un producteur allemand, la Continental : Simenon leur a en effet vendu l’exclusivité des Maigret, et en tout, neuf de ses oeuvres vont être adaptées pendant l’Occupation !
C’est sur l’Amérique que Simenon a jeté son dévolu. Le 5 octobre 1945, après avoir attendu quelques semaines à Londres, il fait avec Tigy et Marc son entrée dans le port de New York. Une nouvelle vie va commencer alors qu’il a un peu plus de 42 ans. Il souhaite en effet tirer un trait définitif sur ces dernières années, mais ignore encore qu’une rencontre va bouleverser sa vie. A peine un mois après son arrivée en Amérique, alors qu’il a installé sa famille dans un village du Québec, il cherche une secrétaire bilingue, ce qui lui paraît indispensable dans ce pays. La rencontre avec Denyse Ouimet, une jeune femme qu’un de ses amis lui a recommandée, a lieu à New York et sera vraiment déterminante pour Simenon. Cette jolie Canadienne française de 25 ans sera sa maîtresse dès le premier soir de leur rencontre, dans des conditions qu’il racontera dans son roman Trois Chambres à Manhattan.
Début 1949, alors que Tigy est définitivement écartée, mais vit le plus souvent à proximité de Simenon pour s’occuper de Marc, Denyse est enceinte. Le futur père est ravi, mais les lois américaines imprégnées de puritanisme ne sont pas très tolérantes, surtout pour les étrangers. La décision est prise rapidement, même si Tigy n’accepte le divorce qu’après bien des réticences. Le 21 juin 1950, le jugement est prononcé à Reno dans le Nevada, ville réputée pour ses procédures rapides, et le lendemain le même magistrat unit Denyse et Simenon. Quelques mois plus tôt, le 29 septembre 1949, John Simenon, deuxième fils de Georges, naissait à Tucson ( Arizona ).
La naissance de Marie-Jo le 23 février 1953 est encore un moment de bonheur pour cet homme qui a toujours rêvé d’avoir une fille alors que l’ambiance familiale se dégrade progressivement. Au printemps 1955, Simenon débarque ainsi en France mais n’envisage plus de vivre à nouveau à Paris, la capitale ayant à ses yeux perdu tous ses charmes. C’est dans le midi de la France, à Mougins, puis sur les hauteurs de Cannes qu’il pose ses valises. Les lieux sont agréables, le climat idéal, mais il ne se sent pas prêt à s’installer pour longtemps ; dans la villa de Golden Gate, il écrit cependant plusieurs " romans durs " comme En cas de malheur ou Le Fils, et deux Maigret.
Dans cette villa de rêve, tout devrait aller pour le mieux. Ce n’est pas le cas, depuis les premiers troubles psychologiques de Denyse, mais aussi les problèmes d’alcoolisme du couple : le romancier a besoin de la boisson comme stimulant lorsqu’il écrit ; quant à Denyse, il semble que ce soit pour accompagner son mari. Toujours est-il que Simenon se montre parfois très violent, même s’il peut éviter de boire pendant des périodes relativement longues. En outre, Denyse l’aide souvent à satisfaire son appétit sexuel en lui amenant des filles. Si l’intéressée dément par la suite cette pratique, Fenton Bresler a retrouvé le médecin et ami de la famille qui confirme les dires de Simenon (Bresler, p. 263).
Ces années passées à Echandens ne sont pas particulièrement heureuses, malgré la naissance de Pierre le 26 mai 1959, son troisième enfant avec Denyse. En effet, les ennuis de santé sont de plus en plus fréquents (syndrome de Ménière, névralgies, insomnies…), mais aussi ses relations conjugales de plus en plus houleuses. En 1960, il ressent le besoin de renouer avec le genre autobiographique alors qu’il commence à déprimer sérieusement : ce sera Quand j’étais vieux, sorte de journal intime, publié dix ans après à la demande du critique Bernard de Fallois. Côté cinéma, les adaptations sont nombreuses pendant cette période : Claude Autant-Lara réalise En cas de malheur avec le couple insolite Gabin-Bardot et Jean Delannoy met en scène L’Affaire Saint-Fiacre avec le même Jean Gabin qui restera un Maigret très crédible. Cette même année 1960, Simenon se voit même confier la présidence du festival de Cannes, c’est dire que l’homme est courtisé par les médias.
L’emménagement dans la nouvelle maison ne résout pourtant aucun problème de fond. Les séjours de Denyse en clinique psychiatrique sont de plus en plus fréquents et Simenon cherche à présent à l’éloigner de ses enfants. Déjà, celle qui a régné pendant des années sur l’entreprise Simenon est remplacée par de simples secrétaires. En 1964, elle quitte définitivement Epalinges, alternant les séjours en clinique et différents lieux de villégiature en France. A cette époque, une autre femme entre discrètement dans la vie du romancier : au service des Simenon depuis décembre 1961 comme femme de chambre, Teresa est italienne et deviendra la dernière compagne du romancier. Pendant ces années passées à Epalinges, il reçoit aussi la visite de sa mère âgée de 85 ans : les rapports entre ces deux forts tempéraments sont toujours aussi difficiles, même en l’absence de Denyse. Il retournera la voir à Liège en avril 1969, puis en décembre 1970 alors qu’elle agonise à l’hôpital de Bavière, là même où Simenon servait la messe pendant son enfance. Quatre ans plus tard, il publiera Lettre à ma mère, un livre-témoignage inclassable dans lequel il essaye de comprendre ce que furent ces relations mère-fils tout au long de sa vie.
Alors que Teresa est entrée dans sa vie un peu par hasard après avoir été une garde-malade attentionnée (Simenon s’était fracturé sept côtes en tombant dans sa salle de bains), l’écriture devient de plus en plus une corvée pour le romancier. Début février 1972, il écrit Maigret et Monsieur Charles et prend sa décision : ce sera sa dernière oeuvre romanesque.
Malgré des ennuis de santé, Simenon connaît quelques moments de bonheur, alors que Denyse ne le harcèle plus que par avocats interposés. Le répit est pourtant de courte durée. En 1978, un coup de fil de son fils Marc lui apprend une terrible nouvelle : sa fille Marie-Jo vient de se suicider en se tirant une balle de pistolet dans la poitrine… C’est l’effondrement bien compréhensible d’un père qui redoutait cependant un malheur depuis ces dernières années. Marie-Jo n’a jamais été une enfant très équilibrée : cette jeune fille de 25 ans souffre de terribles angoisses qu’elle tente d’apaiser, comme sa mère, par des séjours en clinique psychiatrique. Ce drame ébranle le vieil homme, d’autant que Denyse lui fait endosser la responsabilité de ce suicide : les deux livres qu’elle publie accusent en effet un père qu’elle juge autoritaire, violent et irresponsable.
Désormais, l’écrivain va s’effacer progressivement et se replier dans son petit studio de l’avenue des Figuiers : seuls quelques amis sont autorisés à lui rendre visite et la presse, il ne la reçoit plus. En 1984, il est opéré d’une tumeur au cerveau et se rétablit plutôt bien, ne quittant plus un instant sa compagne Teresa avec qui il fait encore quelques promenades au bord du lac Léman. Mais à partir de 1987, sa santé se dégrade brusquement : la paralysie gagne en effet le bras gauche et les jambes, et il doit se déplacer en chaise roulante. Sa dernière interview accordée à la télévision suisse en décembre 1988 laissera le souvenir d’un homme très diminué. Il s’affaiblit de mois en mois, devenant silencieux avec son entourage au cours de l’année 1989. Après un bref séjour dans un hôtel de Lausanne, Georges Simenon s’éteint paisiblement dans la nuit du 3 au 4 septembre 1989 : ses trois fils apprendront la nouvelle par la presse selon les dispositions du testament…
Dans la presse mondiale, la mort de Simenon fait la " une " des journaux : c’est surtout au " père " de Maigret que l’on rend hommage, à grands coups de chiffres plus ou moins fantaisistes, tandis que l’auteur des " romans durs " est souvent oublié. Une dernière fois Simenon est victime des médias qui ont contribué à forger une légende dont il est en grande partie responsable.
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Jean Gabin et Georges Simenon
66 DE SES OEUVRES ADAPTÉES POUR LE CINÉMA