A 17 ans, elle rencontre Louis Feuillade, directeur artistique de la production Gaumont, et inaugure sa prolifique carrière cinématographique sous sa direction dès 1908. Durant les premières années de sa carrière, Alice Tissot tient des emplois très variés, et ne tarde pas à se tourner vers la caricature, n’hésitant pas à se vieillir, à s’enlaidir ou à forcer le trait. Le public se délecte alors de ses rôles de vieilles filles sentimentales, de logeuses et de concierges énamourées, de belles mères hautaines, aux bigotes hargneuses, d’aristocrates, de duègnes, de directrices d’école acariâtres ou de pensionnat, d’enseignantes et autres personnages du même acabit.

De sa très longue filmographie principalement des courts métrages qui mêlent prestations importantes et secondaires, elle reflète, les gens du petit peuple ou de la bourgeoisie. Citons quelques courts-métrages des années dix où elle tient le rôle principal figurent « L'amour et Psyché » (1908), « La chatte métamorphosée en femme » (1909), « Au temps de la chouannerie « (1910), une vieille fille acariâtre dans « Ces demoiselles Perrotin » (1914) de Léon Poirier avec Gaston Michel.

Alice Tissot accompagnera à plusieurs reprises le jeune René Poyen souvent associé à un gamine de 6 ans Bouboule (Genviève Juttet) , dont : « Bout de Zan et le ramoneur » (1914) ; « Bouboule (1915) » « La gosseline » (1923) ; « L’orphelin de Paris » (1923) un sérial en 6 épisodes ; « Lucette » (1923), puis dans le sérial en 12 épisodes, elle joue la gouvernante qui tyrannise deux orphelines dans « Les deux gamines » (1920) avec Sandra Milowanoff et Olinda Manet dans les rôles titres avec René Poyen l’ami des deux sœurs.

C’est la disparition du cinéaste Louis Feuillade en 1925 qui mettra fin à cette collaboration quasi exclusive. Dès lors elle travaille avec d’autres réalisateurs de Gaumont. Pour son premier long métrage elle incarne une institutrice anglaise avec Françoise Rosay et Jean Forest dans « Gribiche » (1925) de Jacques Feyder ; Élisabeth Fischer, l’héroïne aigrie et malfaisante d’Honoré de Balzac dans « La cousine Bette » (1927) de Max de Rieux avec Germaine Rouer et François Rozet ; puis c’est Marie, une vieille demoiselle qui retrouve son amour de jeunesse, (René Lefèvre) dans « Ces dames aux chapeaux verts » (1929) de André Berthomieu avec Gabrielle Fontan et Gina Barbieri ; elle reprendra le même rôle en 1937 avec Maurice Cloche.

Alice Tissot passe brillamment l’avènement du cinéma parlant, sa stature et sa forte personnalité lui permettent d’habiter facilement les rôles de femmes d’autorité qu’on lui octroie comme la directrice d’un pensionnat dans « Plaisirs de Paris » (1933) de Edmond T. Greville avec Marcel Maupi ; la même année,dans le mélodrame historique « Madame Bovary de et avec Jean Renoir, elle incarne la froide belle mère de Valentine Tessier dans le rôle titre où ses amours adultères se terminent dans la ruine et la mort.

Alice Tissot donne aussi la réplique plusieurs fois à Fernandel, dans « François 1er » (1937) de Christian-Jaque, elle tient deux rôles, La duègne,Alfrédine et Mme Cascaroni avec Alexandre Rignault ; La colonelle Gabrielle Durosier dans « Ignace « (1937) de Pierre Colombier, Fernandel jouant son ordonnance, avec Saturnin Fabre ; et la voici jouer de son air hautain Madame la marquise de Grand Air plus vraie que nature dans « Bécassine » 1939 de Pierre Caron avec Paulette Dubost sa cuisinière ; où,encore, Dame Léonarde dans « Le Capitaine Fracasse » (1942) d’Abel Gance avec Fernand Gravey, Jean Weber et Assia Noris ; citons aussi un personnage comique dans « La joyeuse prison » (1956) de André Berthomieu avec Michel Simon en gardien-chef et Darry Cowl en avocat bafouillant …

On la voit en fin de carrière jouer les figurantes dans « Césarin joue les étroits mousquetaires » de Emile Couzinet avec Pierre Repp et Jeanne Fusier-Gir et une dernière fois dans la super production « Le jour le plus long » de Bernhard Wicki, Ken Annakin avec une pléiade de stars…

Alice Tissot décède le 5 mai 1971 à Paris, à l’âge de 81 ans d’un cancer du larynx. Elle laisse derrière elle une filmographie impressionnante, forte de plus de 300 films.