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Profession:
Actrice, chanteuse et écrivain française d'origine danoise
Date et lieu de naissance:
22-09-1940, à Solbjerg au Danemark.
Date et lieu du décès:
14-12-2019, à Paris, France.
Cause du décès:
D’un cancer à l'âge de 79 ans.
Nom de naissance:
Hanne Karin Bayer
État civil:
Anna Karina épouse Jean-Luc Godard en 1961. Ils divorcent en 1967.
En 1968, elle se marie avec Pierre Fabre. En 1974, elle divorce de ce dernier.
Pour épouser quatre ans plus tard Daniel Duval. Ils divorcent en 1981.
L'année suivante, elle se remarie avec Dennis Berry.
Taille:
?
Et plouf, on tombe dans un puits. On dégringole jusqu’à la fin des années 50. Impossible de s’extraire, on est aspiré. Anna Karina est devant nous, elle porte un trench coquelicot et une petite marinière assortie, ses yeux bleu pervenche - allons-y pour les métaphores florales - sont cachés par des lunettes glaïeul noir. Qu’elle enlève parfois. Ouf, son regard n’est pas emprisonné de khôl, les larmes, qui affleurent sans transition après un éclat de rire à l’évocation de ses années de jeunesse, sont translucides.
Anna Karina passe de l’élan à l’abattement, comme si les très hauts et les très bas qu’elle avait connus jeune femme venaient tout juste d’avoir lieu. L’actrice est mariée depuis près de quarante ans avec le même homme, le cinéaste Dennis Berry - lequel avait épousé dix ans plus tôt Jean Seberg. Elle a tourné avec Cukor, Visconti, Fassbinder, Delvaux et, bien sûr, Jacques Rivette, dont est ressorti mercredi Suzanne Simonin, la religieuse de Diderot. Serge Gainsbourg lui a écrit la comédie musicale Anna, Philippe Katerine lui a offert Une histoire d’amour sous forme de chansons en 2000. Elle a publié des romans, dont l’un postfacé par Patrick Modiano. Elle a réalisé un long métrage, Vivre ensemble, en 1973. Mais rien n’y fait. La poignée de chefs-d’oeuvre qu’elle a tournés sous la direction de Jean-Luc Godard, au tout début des années 60, pulvérise tout le reste.
Anna revient en boucle sur ces quelques années qui l’ont forgée, quand, à l’orée de sa vie d’adulte, elle débarque du Danemark à Paris avec «10 000 francs», sans parler un mot de français, et que le miracle a lieu : elle naît une deuxième fois devant la caméra de Godard. Ce n’est pas de la nostalgie, qui supposerait une distance. Mais une adhésion totale à la jeune fille amoureuse qu’elle fut. Comme si à force d’agrandir un détail, quelque chose allait ressusciter, on nagerait pour de vrai dans l’eau du port de Pierrot le fou. On sait très bien qu’elle connaît toutes les répliques de ses débuts par coeur. Mais on aimerait lui en faire dire d’autres. Qu’elle quitte les rails. On se souvient alors qu’elle a joué en 1973 dans une adaptation télévisée de l’Invention de Morel, ce roman de Bioy Casares où des personnages refont chaque jour exactement les mêmes gestes sans que le narrateur ne saisisse quel sort les emprisonne et s’il fait partie de la mise en scène.
D’ailleurs n’est-on pas complice ? La veille, c’est Vivre sa vie qu’on a revu. Dans cette splendeur de film, Jean-Luc Godard lit en voix off le Portrait ovale d’Edgar Poe, cette nouvelle où un peintre dévitalise son modèle tandis que le tableau prend vie. Partons de Suzanne, la religieuse de Diderot, interdit à sa sortie en 1966 par le pouvoir gaulliste. Anna Karina éprouve encore un choc. Pour l’actrice, la surprise est d’autant plus grande que l’adaptation au théâtre du texte de Diderot qu’elle a joué début 1963 n’a posé aucun problème. Le passage à la scène est une consécration. «J’ai appris le français en jouant cette pièce, grâce à Diderot, et aussi, parce que Jean-Luc me donnait des cours de français. Il m’a tout appris.» On y revient donc.
En 1963, la comédienne a déjà connu la censure. Son premier long métrage, le Petit Soldat, qui est le second de Godard, a été interdit. «Comme le film parlait de la guerre d’Algérie, on recevait des menaces de mort. On était obligés de vivre dans des lieux secrets.» Avant de rencontrer une première fois Godard en 1959, qui l’a repérée dans une pub Monsavon, Anna - qui s’appelle Hanne Karin Bayer - a cependant une vie. Le cinéaste lui propose un minuscule rôle déshabillé dans A bout de souffle, qu’elle décline en danois. Dire non est sa force, même si ça ne lui saute pas aux yeux. Depuis sa naissance, la jeune fille n’a cessé de s’opposer. Elle refuse de retourner en cours à 14 ans après avoir été «injustement» accusée de tricherie. Elle commence alors à travailler, est fille d’ascenseur dans un grand magasin, fait «la fille gaie, la fille triste» pour un illustrateur, l’aide à coloriser ses dessins, est choisie pour jouer dans un court métrage, chante. Ne cesse de fuguer pour échapper à un beau-père qui la bat et retrouver son grand-père, ouvrier sur le port de Copenhague, qui l’a élevée pendant la guerre durant ses quatre premières années.
Son père était capitaine au long cours. Anna l’a rencontré trois fois. «La première fois, j’avais 4 ans, il m’a donné une banane, j’ai croqué et craché, car je ne savais pas qu’il fallait retirer la peau. La deuxième fois, j’étais encore mineure, le rendez-vous était dans une gare à Londres, j’étais avec Jean-Luc, et lorsqu’il m’a vue, mon père m’a dit : "Tu manques un bouton" (sic). J’ai hurlé en danois qu’il n’était pas plus mon père que n’importe quel type dans la gare. Et la troisième fois, c’était en 1963 à Barcelone, je tournais le Voleur de Tibidabo de Maurice Ronet. On déjeune ensemble pendant vingt minutes, il était avec l’un de ses fils, Soren - elle épelle le prénom - de 8 ans, c’était très sympathique, on parle de tout et de l’Afrique. J’ai enfin fait sa connaissance et je suis joyeuse. Il me promet de m’écrire. Et depuis j’attends, j’attends, j’attends. J’attends toujours la carte postale.»
Elle rit. De Godard, aussi, elle dit qu’elle l’a beaucoup attendu. «Il descendait une seconde acheter quelque chose, et disparaissait sans prévenir pendant trois semaines.» De sa voix rauque et chantante : «Il était parti carrément aux Etats-Unis pour voir Faulkner, en Suède pour voir Bergman, ou en Italie pour voir Rossellini. Je devinais toujours d’après ses cadeaux de quel pays il revenait. Les vêtements un peu militaires que je porte dans Pierrot le fou ont été achetés dans un surplus suédois par exemple.» On lui demande pourquoi elle se maria quatre fois. Elle dit que c’est une bonne question car elle en ignore la réponse. «La première fois, réfléchit-elle, Jean-Luc m’a proposé le mariage parce que j’étais enceinte.» Silence. «Et peut-être aussi parce qu’il m’aimait.» Elle est mal traitée à l’hôpital, qui la laisse avec un embryon mort plusieurs mois et l’impossibilité définitive d’être mère. «Ça reste très bouleversant pour moi», dit-elle en pleurant. La quatrième fois, c’est avec Dennis Berry. Il lui demande sa main sur un coup de tête un dimanche à Las Vegas - si bien que les bijouteries pour la bague étaient fermées s’amuse-t-elle. On lui fait remarquer qu’il n’a pas épousé Anna Karina, mais Anna Karina-l’Amoureuse-de-Godard. Il y a vingt ans, le cinéaste suisse lui a envoyé une lettre de six pages, quand elle jouait Après la répétition, d’après Bergman. Elle n’a pas eu de nouvelles depuis. «Il dit que je suis une histoire ancienne, mais pour moi, il est toujours dans mon coeur, et le restera pour la vie.»
2008 - Prix Hand Printing - Festival international du cinéma de Busan, Corée du Sud.
2003 - Prix Mikeldi d’Honneur - Festival international du documentaire et du court métrage de Bilbao, Espagne.
1963 - VIVRE SA VIE / VIVRE SA VIE - Film en douze tableaux - Étoile de Cristal de la meilleure actrice aux prix de l’Académie du cinéma Français, France.
1962 - UNE FEMME EST UNE FEMME - Ours d’Argent - Meilleure actrice au festival international du cinéma de Berlin, Allemagne.
56 LONGS MÉTRAGES DÉTAILLÉS
2008 - VICTORIA
2002 - VÉRITÉ SUR CHARLIE .LA
2002 - MOI CÉSAR, 10 ANS 1/2, 1M39
1995 - HAUT BAS FRAGILE
1990 - HOMME QUI VOULAIT ÊTRE COUPABLE .L'
1988 - OEUVRE AU NOIR .L'
1987 - DERNIÈRE CHANSON .LA
1987 - CAYENNE PALACE
1986 - DERNIER ÉTÉ À TANGER
1985 - ÎLE AU TRÉSOR .L'
1984 - AVE MARIA
1983 - AMI DE VINCENT .L'
1982 - REGINA
1980 - CHARLOTTE, DIS À TA MÈRE QUE JE L’AIME
1979 - HISTORIEN OM EN MODER
1978 - CHAUSSETTE SURPRISE
1977 - AFFAIRE LOUCHE .L'
1976 - ROULETTE CHINOISE
1975 - OEUFS BROUILLÉS .LES
1974 - PAIN ET CHOCOLAT
1974 - INVENTION DE MOREL .L'
1974 - ASSASSIN MUSICIEN .L'
1972 - VIVRE ENSEMBLE
1972 - NOTRE AGENT À SALZBOURG
1971 - RENDEZ-VOUS À BRAY
1970 - ALLIANCE .L'
1969 - TEMPS DE MOURIR .LE
1969 - JUSTINE
1969 - CHAMBRE OBSCURE .LA
1969 - AVANT QUE VIENNE L'HIVER
1968 - MICHAEL KOHLHAAS, LE REBELLE
1968 - JEUX PERVERS
1967 - ÉTRANGER .L'
1967 - LAMIEL
1966 - TENDRES REQUINS
1966 - RELIGIEUSE .LA
1966 - PLUS VIEUX MÉTIER DU MONDE .LE
1966 - MADE IN USA
1965 - PIERROT LE FOU
1965 - DES FILLES POUR L'ARMÉE
1965 - ALPHAVILLE
1964 - VOLEUR DE TIBIDABO .LE
1964 - RONDE .LA
1964 - DE L'AMOUR
1964 - BANDE À PART
1963 - PETIT SOLDAT .LE
1963 - MARI À PRIX FIXE .UN
1963 - DRAGÉES AU POIVRE
1962 - VIVRE SA VIE : FILM EN DOUZE TABLEAUX
1962 - SHÉHÉRAZADE
1962 - SHE'LL HAVE TO GO
1962 - QUATRE VÉRITÉS .LES
1961 - SOLEIL DANS L'OEIL .LE
1961 - FEMME EST UNE FEMME .UNE
1961 - CLÉO DE 5 À 7
1961 - CE SOIR OU JAMAIS
SES COURTS MÉTRAGES ET DOCUMENTAIRES
2019 - LILOS LACHEN
2017 - ANNA KARINA, SOUVIENS-TOI
2017 - VISAGES, VILLAGES
2005 - DOUCE FRANCE
2000 - NOM DE CODE : SACHA
2000 - HISTOIRE DE K .UNE
1985 - BLOCKHAUS USA
1966 - CARL TH. DREYER
1963 - JOLI MAI .LE
1961 - FIANCÉS DU PONT MAC DONALD .LES ou MÉFIEZ-VOUS DES LUNETTES NOIRES
1960 - CHARLOTTE ET SON STEACK
1960 - PETIT JOUR
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